Covid-19 : distribution de bols vegans aux hôpitaux parisiens et aux plus démunis

Depuis plus d’un mois, le restaurant parisien Les Bols d’Antoine s’active à produire et distribuer des repas végétaux gratuits pour les soignants et les sans-abri de l’est parisien, en plein cœur de la crise sanitaire. Dans le cadre de notre opération d’aide alimentaire internationale, nous avons souhaité soutenir leur formidable initiative, qui est un exemple de solidarité. Reportage.

Dimanche, 9 h, nous arrivons au restaurant Les Bols d’Antoine, situé sur les hauteurs du parc de Belleville dans le XXème arrondissement parisien. Ici, pas de clients, seulement le personnel et Antoine le gérant qui s’affairent depuis une heure déjà, dans la grande salle spécialement réaménagée pour les besoins de l’opération. L’objectif ? Préparer quelque 250 repas qui seront livrés dans la journée aux personnes les plus démunies ainsi qu’au personnel soignant de quatre hôpitaux parisiens, en première ligne dans la lutte contre le coronavirus.

Lorsqu’il a lancé sa cagnotte en ligne, Antoine ne s’imaginait pas récolter près de 25.000 € via plus de 430 contributeurs. Une somme importante en apparence, mais qui permet tout juste de préparer 250 repas par jour pendant un peu moins de deux semaines tout en s’acquittant des charges du restaurant. En effet, tous les fonds récoltés servent à la préparation de bols qui seront distribués gratuitement pour aider les personnes en première ligne face au virus et les sans-abri.

250 repas par jour

Lorsqu’il a démarré dès le début du confinement, sur ses fonds propres, Antoine a commencé par distribuer une cinquantaine de repas quotidiens aux sans-abri du quartier. Puis très vite, grâce à la cagnotte en ligne et la solidarité des riverains, Antoine et son équipe ont pu monter en capacité jusqu’à 250 repas par jour. Une partie destinée aux soignants est acheminée par fourgon, tandis qu’une équipe de bénévoles surmotivés, “les bikers”, se chargent, à vélo, de la distribution des paniers repas destinés aux SDF.

En effet, pour cette cantine 100% bio et conviviale, éthique va de pair avec écologique, aussi bien dans les déplacements que dans le mode d’alimentation.

« J’ai commencé à préparer des plats que j’ai distribué dans l’est parisien, à ceux qui en avaient besoin, et de fil en aiguille on s’est dit qu’on pouvait faire plus, explique Antoine. On est monté en puissance en continuant de faire ce qu’on sait faire, des repas végétaux, axés sur le bien-manger, sur de l’équilibré. On a réussi à rentrer par les petites portes dans les hôpitaux, dans les services de réanimation qui avaient des besoins. On s’est rendu compte que les soignants faisaient 12h par jour, qu’en fait ils mangeaient super mal, ils avaient par exemple des sandwichs Sodebo au mieux, au pire des petits morceaux de pain rassis avec du beurre. Ça m’a choqué ! Alors que la nourriture c’est le premier médicament, je crois que tout passe par là, c’est la base ! »

Tajines et risottos

Ce midi, Antoine part avec son camion pour livrer quatre services hospitaliers avec ses tajines et ses risottos fraîchement préparés ainsi que de succulents carrot cakes, généreusement offerts par ses amies cuisinières chez Breathe restaurant. Il est 11h50, quand l’équipe arrive à l’hôpital universitaire Robert-Debré. Là, deux soignantes les attendent avec un chariot et les escortent jusqu’à leur salle de repas. Puis c’est reparti, direction les hôpitaux Saint-Louis, la Pitié Salpêtrière et l’hôpital Cochin.

Livrée quelques dizaines de minutes plus tard, Fanny, soignante à l’hôpital Saint-Louis, témoigne : « Je suis très heureuse, je trouve son action magnifique parce qu’au-delà de livrer les hôpitaux il fait quand même des maraudes pour les sans-abris. On est très très émus parce qu’en temps normal on galère beaucoup à l’hôpital même si les gens ne le savent pas. Mais là à cause de cette épidémie, ils ont pris conscience que l’hôpital était vraiment en difficulté. Mais en parallèle on a su s’adapter. Et du coup ça nous a beaucoup touché. C’est le petit moment gai dans la journée, un repas de l’extérieur de l’hôpital qui nous recharge les batteries parce qu’on a des longues journées. Ça nous touche et franchement on est vraiment très très reconnaissants. Et une super cuisine ! J’ai découvert la cuisine végane, j’adore ! »

Et ce n’est pas fini, une fois les hôpitaux livrés, cette fois Antoine et son camion se dirigent vers un hôtel parisien, réquisitionné par l’état pour accueillir des personnes en situation de rue et des migrants, vivant eux aussi dans la plus grande précarité. Là, c’est une collaboration avec des associations spécialisées qui est établie. Léa, la responsable du dispositif de mise à l’abri, s’occupe régulièrement des 54 personnes logées dans cet hôtel. Grâce au bouche-à-oreille et à la solidarité de quartier, elle a pu entrer en contact avec Les Bols d’Antoine via un riverain de Belleville. Très vite, une collaboration se met en place et Antoine lui propose d’assurer des livraisons de repas solidaires.

Afin de faire connaître son initiative solidaire dans le quartier, Antoine, aidé de sa compagne Anne, ont aussi placardé des affiches sur toute la devanture du restaurant. Une action de communication importante pour toucher les personnes les plus démunies de Belleville, toujours dans un esprit de solidarité.

« Tout ça nous a transformé »

« On a réussi à communiquer sur notre action, on a été énormément soutenus, directement ici par une cagnotte qui a été mise en ligne, et plus récemment par Million Dollar Vegan qui nous a vraiment donné un second souffle pour pouvoir continuer, explique Antoine qui nous confie avoir été changé par cette incroyable aventure. Ça a tellement été une expérience humaine extraordinaire pour moi que je ne vois pas comment je pourrai arrêter comme ça du jour au lendemain. Tout ça nous a transformé et donc je réfléchis beaucoup à comment, si ce n’est même qu’une fois par semaine, je puisse consacrer une journée pour des actions solidaires. Je pense qu’il faut qu’on s’entraide, c’est en faisant attention aux uns et aux autres qu’on peut changer le monde. »

En effet, contrairement à une idée parfois répandue, adopter un mode de vie vegan signifie être solidaire avec tous les animaux sentients, y compris les humains. En ces temps de pandémie, il est bon de rappeler qu’adopter une alimentation végétale permettrait de réduire les risques liés à l’apparition de nouvelles zoonoses (maladies transmises aux humains par des animaux sauvages ou d’élevage), tout en améliorant notre santé, en réduisant notre empreinte environnementale et bien sûr en épargnant les animaux.

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À propos de l’auteur: William Zylberman, docteur en géosciences et géologue naturaliste, a passé de nombreux mois sur le terrain à observer la nature. Scientifique devenu activiste pour l’environnement et les animaux, il s’engage pour la transition alimentaire aux côtés de l’Association Végétarienne de France en créant la délégation des Hauts-de-Seine (92) de l’AVF. William a également travaillé à coordonner ce partenariat entre MDV France et Les Bols d’Antoine. Il prône une alimentation 100% végétale, locale et bio.

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